Temps de commémoration et d’hommage aux disparus du coronavirus – Groupe Almage – Paris.
Ce texte a été écrit par Sara Morzyglod, stagiaire neuropsychologue au centre Alzheimer de la Rue Blanche, qui a été un élément accompagnateur sur l’ensemble de ce mouvement. Ce projet a été réalisé dans une démarche de facilitation des initiatives et souhaits des résidents pour ce temps de deuil. Un processus thérapeutique d’accompagnement de deuil a été enclenché, en co-thérapie sociale et psychologique, pour soutenir les résidents.
Un premier temps d’échange s’est tenu avec les résidents afin d’explorer ce qu’ils avaient compris de la période du coronavirus. Lors de cette commission, les résidents ont exprimé vouloir planter des fleurs en hommage à ceux qui nous avait quittés. Plus particulièrement, une des ambassadrices a exprimé le fait de vouloir planter des pensées. Ce temps de réflexion et d’échanges a été animé par la neuropsychologue et le référent de vie sociale.
Mercredi 01 juillet au matin nous sommes partis avec des résidents ambassadeurs, suite à la commission de vie sociale, chez une fleuriste de la Rue Blanche. Nous avons exposé à la fleuriste notre projet et le souhait des résidents de planter des pensées. Celles-ci nous a alors présenté des pensées miniatures, estivales et comestibles. Chaque plant est le symbole d’un résident qui nous a quitté pendant la crise du coronavirus. Nous avons ainsi pu sélectionner les fleurs qui avaient été choisies par les résidents tout en respectant l’ensemble des conditions qui nous avaient été données.
Une fois rentrés, nous avons débuté les préparatifs, en choisissant un ambassadeur par étage. Par ailleurs il fut décidé de réaliser une plaque commémorative éphémère avec les noms des résidents décédés. Trois poèmes ont été sélectionnés pour être lus par les résidents devant ce groupe commémoratif. En accompagnement, la marche funèbre de Chopin a été sélectionnée. Nous avons exploré l’endroit le plus propice pour planter ces fleurs et c’est finalement la terrasse de la Galerie qui a été retenue. Des outils de jardinage ainsi que l’ensemble des pots de pensées ont été mises à disposition des résidents. Un accompagnement psycho-social avait été prévu pour soutenir ces résidents sur ce temps là.
La cérémonie a débuté par un rappel de la raison de cette commémoration. Une première résidente a lu à l’assemblée le premier poème, avec une écoute très attentive de la part de l’ensemble des résidents. Une autre résidente a lu le second poème, Océano nox de Victor Hugo, en hommage à une résidente proche de celle-ci. Dans un moment particulièrement riche en émotions, le troisième poème a été lu pour une autre résidente, Demain dès l’aube de Victor Hugo. Par la suite, nous avons lu le nom des résidents qui nous avaient quittés lors du coronavirus. Les résidents ont témoigné une énergie respectueuse. La suite de la cérémonie s’est déroulée dans le jardin, où les résidents ont pu planter les pensées avec des outils du jardin thérapeutique. Les résidents ont fait preuve d’un dynamisme important. Les pensés ont été plantées et les résidents ont pu matérialiser leurs émotions au travers de ce geste.
Ce temps a été co-animé par le référent de vie sociale et la neuropsychologue pour que chacun puisse être soutenu psychologiquement et socialement sur ce temps de recueil qui appartenait aux résidents. Ce temps s’est élaboré à partir de la volonté des résidents, raison pour laquelle cette cérémonie s’est déroulée uniquement entre ces derniers.