Un modèle numérique anticipant l’apparition des premiers symptômes de la maladie d’Alzheimer : c’est le projet de « médecine prédictive » sur lequel planche une équipe de chercheurs à l’Institut du cerveau et de la Moelle épinière à Paris.
Qu’une personne présentant des problèmes de mémoire puisse ressortir de chez son médecin en connaissant son risque de développer la maladie d’Alzheimer et quand cela arrivera : tel est l’objectif du projet Dynamo (DYNAmic Models). Ce projet est mené par Stanley Durrleman, responsable du centre de neuro-informatique (équipe ARAMIS) au sein de l’Institut du cerveau et de la Moelle épinière (ICM) à Paris et du Professeur Harald Hampel, neurologue et psychiatre à l’Institut de la mémoire et de la maladie d’Alzheimer (CHU La Pitié Salpétrière, Paris).
Tous deux pensent arriver à créer un modèle informatique (à base d’algorithmes) de l’évolution du cerveau au cours de la maladie qui sera bien utile aux soignants comme un outil de médecine personnalisée et pour anticiper au maximum l’évolution de la maladie, avant même l’apparition clinique des premiers symptômes (qui se déclenchent souvent une dizaine d’années plus tard). Un « graal » que visent plusieurs autres initiatives en recherche médicale dans le monde (test d’urine, anticorps des lamas, « big data« , interactions avec certains virus, etc.) avec l’espoir d’y associer des traitements capables d’enrayer le processus.
Afin d’établir une sorte de ligne temporelle virtuelle de l’évolution naturelle du cerveau face à la maladie, le projet Dynamo exploite des milliers de données médicales de 1500 patients de la cohorte publique américaine ADNI, atteints à différents stades de la maladie d’Alzheimer. Auxquelles d’ajoutent celles de 350 volontaires français d’Insight (CHU Pitié Salpétrière, Paris), âgés de 55 à 90 ans, exprimant des troubles de mémoire et dont certains développeront un Alzheimer.
Une fois ce « cerveau numérique » conçu et accessible sur ordinateur, il faudra encore en équiper les cabinets médicaux et former les praticiens sur l’interprétation et la communication des résultats aux patients. Un projet qui demandera donc encore plusieurs années de développement, mais qui a le mérite de rappeler l’impérieuse nécessité de la prévention. D’après ses responsables, si l’on repoussait actuellement de cinq ans l’apparition de la maladie d’Alzheimer (au-delà de 80 ans), on diviserait le nombre de patients atteints par deux.
Sources : ICM, Sciences & Avenir