Le Centre des Parentèles de Mérignac propose à ses résidents des séances de stimulation Snoezelen®. Cette approche entre dans la recherche de pratiques de soins non médicamenteuses au sein du groupe. Passage en revue en 5 questions/réponses.
Qu’est-ce que l’approche “Snoezelen®” ?
Ce concept a été crée dans les années 1970 aux Pays-Bas par deux éducateurs spécialisés (Ad Verheul et J. Hulsegge). Le mot Snoezelen® est un néologisme d’origine hollandaise de “snuffen” (renifler) et “doezeelen” (somnoler). Ce terme exprime donc une double notion : celle de la stimulation sensorielle et celle de la relaxation corporelle. A l’origine, ce concept s’adressait à des patients polyhandicapés. Aujourd’hui, son intérêt auprès des états démentiels a été démontrée cliniquement. Il ne s’agit ni d’une animation, ni d’un atelier, ni d’une méthode, ni d’une thérapie mais d’un environnement, d’une philosophie d’accueil au service de l’ »être » et non du « faire ».
Comment s’organise notre salle Snoezelen® “Eveil des sens” ?
A l’intérieur de notre salle l’on retrouve différents éléments permettant la stimulation des 5 sens. Nous disposons des éléments suivants pour favoriser cette stimulation :
- Auditive : fond musical (bruits de la nature, classique, …), instruments de musique.
- Visuelle : colonne à bulle avec jeu de miroir, fibres optiques, lumière noire avec élément réfléchissant, balles et bâtons lumineux, projecteur.
- Tactile : matelas à eau, panneaux de stimulation tactile, petit matériel comme des balles à picots, plantes, sac d’augustine.
- Olfactive : diffuseur d’huiles essentielles.
La stimulation gustative est possible, le couplage avec la médiation animale (lapin chez nous) également. L’approche peut aussi s’utiliser de manière mobile avec un chariot Snoezelen® (pour exemple, voir l’expérience aux Parentèles de Reims).
Son objectif ?
L’objectif est de créer “une enveloppe sensorielle” rassurante permettant, entre autres, de :
- induire un état de détente et de bien-être.
- favoriser la communication verbale et non verbale (analogique, …).
- diminuer les troubles anxieux et les troubles du comportement dits “perturbateurs”.
- proposer des expériences sensorielles diverses.
- favoriser l’initiation motrice et la stimulation du schéma corporel.
- faire appel à la mémoire sensorielle et affective.
- favoriser le plaisir de l’instant présent et hors du temps institutionnel.
Le soignant doit effectuer un accompagnement fondé sur l’écoute, l’empathie, le partage et la disponibilité car on peut “ne rien faire”, rien d’autre qu’accompagner, rassurer, respirer… Chacun entre dans la salle laissant libre cours à son imagination. Toutefois, la séance nécessite d’être structurée par un temps d’acclimatation (1-avant), d’ »invitation” (2-pendant) puis par un temps de fin de séance (3-après ).
Actuellement, les séances sont menées par Thibaut, Neuro-psychologue en collaboration avec l’équipe soignante et dans le cadre des projets d’accompagnement personnalisés, en individuel ou en petit groupe. Il convient d’être volontaire, disponible et aussi formé à l’approche (connaître les aspects théoriques et pratiques, savoir gérer les émotions et manifestations comportementales durant la séance, etc.).
Que nous montre la recherche scientifique ?
Peu d’études randomisées existent sur l’approche Snoezelen®, notamment par ses limitations de rigueur d’évaluation scientifique. Toutefois, les études montrent des effets encourageants et positifs dans l’accompagnement des personnes présentant une maladie d’Alzheimer ou apparentée. Par exemple, nous pouvons retrouver une tendance à un regain d’intérêt pour l’environnement et à la relation à l’autre, une limitation des psychotropes, une amélioration des troubles neuropsychiatriques, une amélioration de l’humeur, une diminution de la pression artérielle ou encore une meilleure compréhension des désirs ou refus de la personne communiquant difficilement afin d’améliorer la relation de confiance soignant-soigné.
Ses limites ?
Bien que séduisante, l’approche Snoezelen® n’est pas un outil miracle et ne s’adresse pas à tous. Dans les établissements, son utilisation comme outil d’accompagnement s’est faite plus sur des arguments empiriques, voire commerciaux, que sur des conclusions scientifiquement validées par des études. De plus, les bienfaits obtenus paraissent persister uniquement lors d’un suivi régulier et semblent disparaître après l’arrêt de celui-ci avec un retour des troubles neuropsychiatriques.
Néanmoins cette approche originale apporte un « plus » intéressant dans l’éventail des moyens mis en oeuvre auprès des résidents dans les Centres Alzheimer Almage. Comme toute pratique, il existe des contre-indications tant pour les résidents (épilepsie, psychotique, syndrome délirant, refus de soin, lucidité, etc.), tant pour les accompagnateurs (défaut de formation solide, de supervision).